poeme video 4 boites
poeme video 4 boites
Jean-François Paillard
Six poèmes vidéo
4/6
Boîtes
réalisation Jean-François Paillard
(En réponse l’appel à concours international de poésie-média N°2 lancé par la Biennale Internationale des poètes en Val de Marne (BIPVAL) voici un choix de six poèmes-vidéo écrits et tournés au cours des cinq dernières années...)
lundi 28 décembre 2009
Boîtes
Après une dizaine d’heures de vol souterrain
Nous enterrîmes en un lieu de sélection drastique
Curieusement, je passai inaperçu :
Les chiens n’ont pas d’âme
ricana un douanier de la mort
se signant
crachant à terre
allez ! passe au large !
et va quérir ton os misérable ailleurs
car
seuls les médecin-major au teint de rose
les contrôleurs de gestion franglais
les phynancières bataves, les marketeuricaines
les employé(e)s au petit pied
les grands et les petits convoiteurs des choses humaines
qu'on s'approprie avec joie
que l’on presse sur son sein gauche
qu’on offre au regard du voisin bordure
avant de les jeter aux ordures
et qui occupent ces maisons de cube
empilées par la queue comme les amphores au fond du navire
ont le privilège de passer le portillon
ils y abandonneront
Leurs cravates serpent
Leurs glaives à longue pointe
Leurs montres et leurs bottes
Leurs bacilles de Koch
Leurs fichus problématiques
Qu’ils soient chrétiens, bouddhistes musulmans ou confucéens
Athées, zoroastriens ou mal débarbouillés
importe peu
démocratie oblige
Ici tous hommes et femmes ont le privilège
En vertu de la charte de l’Argus Humanitaire
De passer le portillon
Mais les chiens ah ! non non
Ils passent par derrière
Ils se trouvent un chemin
Eux-mêmes
Seuls les têtes de césure, les faiseurs de lexique
Les banquiers nomades et leurs scribes comptables de l’esthétique industrielle
Qui transforme le monde
En foire à la ferraille
En montagnes que je dois empiler
Agrémentées de lacs de pétrole
De plaies ouvertes gorgées de fongicide
Tous ont le privilège de passer le portillon
Mais les chiens ah ! non non
Ils passent par derrière
Ils n’ont point besoin de cette chimère
Seuls les exécuteurs
Les testamentaires
Les bras de chemisier déguisés en agent orange
Les métaphysiciens de la tour Elf à la défense
Les militaires, les méta militaires
Les porteurs de titre
Tous ployant sous le joug des obligations journalières
Ont le privilège de passer le portillon
Mais les chiens ah ! non non non non
Ils passent par derrière
Ils se trouvent un chemin en enfer ou au paradis
par eux-mêmes
Toi, toi pauvre chien
Toi passe ton chemin
Car tu n’as rien et tu n’es rien
Tu n’es rien de toutes ces propriétés éminemment humaines
Tu n’es rien
Vois
Vois comme on met en boîte toutes ces petites choses
Leurs cravates serpent dans une boîte
Leurs glaives à longue pointe dans une boîte
Leurs montres et leurs bottes mis en boîte
Boîte que l’on empile en murs de boîtes
Leurs bacilles de Koch mis en boîte
Leurs fichus problématiques mis dans une boîte
Leurs bouteilles en plastique à mettre en boîte
Boîte que l’on empile sur d’autres boites
Leurs colliers especiaux mis en boîte
Leurs chaussures en fer mis en boîte
Leurs chaînettes vertueuses à mettre en boîte
Boîte que l’on empile sur d’autres boîtes
Leurs grosses têtes d’os mis en boîte
Leurs boucles de nombril en boîte
Leurs bacilles de koch mis en boîte
Boîte que l’on empile sur d’autres boîtes
Leurs sifflement de psylles en boîte
Leurs tableaux de bord en boîte
Leur ipod itouch iscotch I C Top en boîte
Boîte que l’on empile sur d’autres boîtes
Leurs sifflement de psylles en boîte
Leurs tableaux de bord en boîte
Leur ipod itouch iscotch en boîte
Boîte que l’on empile sur d’autres boîtes
Ipod itouch iscotch iboîte !
Leurs élymes à racines traçantes en boîte
Qui font la beauté de la maison en boîte
Leurs bibles et récits sacrés en boîte
Oké oké j’ai compris douanier de la mort
Ces gens obéissent à la mise en boîte
Mais à la fin que deviennent ces boîtes ?
Pauvre chien aux joues mangées
Tu me fatigues
Ne vois-tu pas que je travaille?
Dis-moi Dis-moi douanier de la mort,
que deviennent ces boîtes que tu empiles ?
mais d’où sors-tu imbécile ?
Ces boîtes sont des réceptacles à ordures
ces sont les corbillards de l’ennui
elles sont là pour accueillir
les déchets
dont l’homme
se débarrasse
avant de pénétrer dans le grand bazar aux objets
objets qui seront à leur tour
les futurs déchets
dont l’homme se débarrasse
avant de pénétrer dans le grand bazar aux objets
objets qui seront à leur tour
les futurs déchets
dont l’homme se débarrasse
avant de pénétrer dans le grand bazar aux objets
en les mettant en boîte
Dans ces corbillards de l’ennui, te dis-je
Et ma tâche absurde est de les empiler en montagnes
A jamais ma tâche est ainsi assignée
de les empiler en montagnes
A jamais
ma tâche est ainsi assignée
de les empiler en montagnes
et ma tâche
absurde est de les empiler en montagnes
A jamais ma tâche est ainsi assignée
de les empiler
en montagnes ainsi ma tâche est de les empiler
En montagne ma tâche absurde à jamais est ainsi
assignée
De les empiler en montagnes
A jamais...
(c) Jean-François Paillard 2009