prclockparledecrise 2
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Ciel ! le pr. Clock parle en moi !
Nous avons tous un professeur Clock en nous, il ne tient qu’à nous de le faire parler.
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Question de crise / 2
Résumé de l’épisode précédent : Vêtu d’un pyjama magique l’auteur, grotesquement habeliné, s’en prend vertement au plafond. Arrivera-t-il jusqu’au bout de ses phrases ?
< page précédente « …détriment du revenu du travail, vous dis-je, bulletins oubliés, feuilles de paie d’employés précarisés, à l’inemployabilité quasi-programmée par quelque consultant mercenarisé élevé en batterie au vingt-neuvième étage de la tour Fiat à la Défense, au profit de revenus stock-optionnesques, pochons replets reliés plein cuir calés sous le bras d’actionnaires policés, voir pour plus de détails ici, le chômage de masse, j’ai nommé celui de l’armée de réserve de main d’œuvre de jocrisses exécutants-exécutables qu’étaient, que sont et que seront toujours les autres, les crevards, les moyennisés, les pas plus haut qu’leurs fesses, les pelles, les marteaux, les enclumes et autre vulgare pecus aux idées grises, à peine colorisées par le sucre candi des pubs-simulacres pour bagnole, montre cuir pleine peau et autre célèbre-café-qui-rend-beau et par le mirage apaisant de la charitélethon catho publique dûment sponsorisée par la restauration rapide, la grande distribution et la banque-assurance, voire scato-publique, façon resto à cœur-ouvert-en-direct, tripes à l’air, chialades-qui-font-du-bien et pièces jaunes compissées en jet dru sur plateau de vingt heures, bref, le chômage de masse, vous dis-je, auquel s’ajoutait l’argument massue, imparable, véritable couteau châtreur de velléité protestataire planté dans nos testes, à grands coups de discours pathético-panthéoniens-pouf-pouf inaugurés par le gros Raymond, repris au vol par le mince Fabius, ânonné par le compassé Jospin, flûtié par le patelin Raffarin, scandé par le filandreux Villepin, mâchouillé par le panouilleux Fillon, sempiternelle diatribe en appelant et rappelant et rappelotant et en racrapotelant à la sacro-sainte-exigence-de-compétitivité-internationale-rendue-inéluctable-par-la-mondialisation, scie-pont-aux-ânes renvoyant à l’écho boomerang de l’avènement planétarisé d’une masse océanique, fourmillante et malodorante de milliards de milliards de concurrents-ennemis-viets-mal-rasés souquant en sous-sol avec leurs dix mains, deux têtes, une oboles-grain-de-riz et cent coups de pied au cul, ce titanesque fatras litanique de mots-écrans-j’t’embrouille servant surtout de levier commode aux coups de fouets et de force perpétrés par les employeurs magnanimes à l’endroit des employés équarris ! Oh ! Esgourdes-tu, Jean-François Paillard ! me bramait à l’oneille le professeur-Clock-que-j’ai-en-moi, car il ne faisait plus aucun doute pour cet imprécateur de bazar que mon attention avait baissé au point de me voir effondré sur mon lit, fixant le plafond en parlant tout seul, sans que j’eusse réalisé une seconde qu’une telle posture amorphique, bien qu’ananarthrique, était de nature à rendre problématique mon rôle de scripteur d’un texte qui n’en finissait plus de s’émonder de mon tronc cérébral, cependant que le gyrognomonique professeur-Clock-que-j’ai-en-moi prenait un malin plaisir à prendre pour objet de pitié, ce qui revenait à tancer, à secouer comme prunier, à conspuer d’importance, à railler la désespérante mollassonnerie desdits employés, que l’hypophète professeur-Clock-que-j’ai-en-moi comparait à de malheureux grisatocrates crétinisés par voie de règlement intérieur, à des ravasseurs agrippés à la moquette rampante de leur désarmante impuissance, comparait, dis-je, à une équipe de sourds-muets de la feuille-de-paie apprenant à la hussarde, à accepter comme telles les nouvelles règles d’élevage-d’employé-en-batterie-jetable-en-toute-saison, qu’il comparait, redis-je, à un entassement de fruits blets tombés du haut de l’arbre capitalistique et réduits en bouillie, atomisés, rapetassés, stressés par tous les bouts, arsouillés, désagrumés, brain stormingisés, conditionnés comme tomates hors sol et pour finir rendus torves, dur-à-cuir, cyniques et/ou égoïstes par voie de bruit de couloir sanglant, ne s’exprimant que par lingua franca passée au mixeur du cerbo-business le plus standardisé, apeurés à la moindre menace de carabine-plan-social-à-répétition, transformés pour certains en tueur-de-collègue par stratégie de carrière de type pyramide-humaine-sur-fosse-commune, certains, les plus lobotomisés, gourmétisés, montés du col, sur ressort et/ou ergots, parmi lesquels un fort parti de chefaillons, délateurs, jaunes, caractériels, fretés, typhlopes et/ou saudeniés chasseurs de prime-à-la-casse, devenus carrément méchants, tapant à qui mieux mieux sur les inévitables victimes-suiveurs-traîne-savate, parmi lequels les peu courageux doigt-sur-couture-du-pantalon, les hypocrites langue-de-pute-railleur-plastronant, mais la plupart, toujours et encore les mêmes, dès que l’on évoque le phénoménal gâchis des victimes catastrophiques des errements humains, je veux parler de la vaste armée de figurants Boschiens surgissant toujours au plus horrifique moment comme une antienne déploratoire et biblique : femmes et jeunôts of course, sous payés à la tâche, à temps partiel, au lance-pierre, à la va-comme-j’te-pousse-dehors, hères blousés sur toute la ligne, taillés en pièce, découpés au ciseau, leurs bouts de contrat en folio A4 transparent vidé de toute substance, n’était son rapport ténu au support humain numérisé et que l’on fait passer un beau jour au broyeur après l’avoir froissé dans les règles en toute fin de réunion de service, la plupart victimes de factotums encravatés ès langue forchue via toute une panoplie de faux discours branle-bas de combat, façon jargon d’expert ès consulting, pour mieux cacher l’effet de frappe réel du deal pseudo « gagnant-gagnant »: collection de manières faussement brand new et vraiment immémoriales de gouverner en temps de guerre pacifiée la foule anonyme des hommes serfs et femmes serves, lien de subordination par Loi oblige, tels qu’individualisation des tâches de type kapo-chef-de-baraque sous couvert de responsabilisation, description de poste et de fonction de type dimanche-compris-au-nom-de-la-liberté-de-s’asservir-plus, prime-individuelle-d’objectif-queue-de-Mickey-accentueur-d’addiction au nom du “droit” de transformer l’Homme en client-rat de laboratoire ou encore management par équipe d’affidés, façon communion-paint-ball-counter-strike, une maligne invention de psychologues américains, élaborée naguère à l’attention de leurs nécessairement insomniaques pilotes de forteresses volantes, et qui s’adresse aujourd’hui en priorité aux djeunzs, créatrucs, esclavons de tous ordres, saturniens et autres ventripotents, bien caporalisés par la pratique assidue du travail pauvre et des jeux vidéos de type « Kill ‘them all ». N’oublions pas, ajouta l’insatiable verbocinateur et rodomont professeur-Clock-que-j’ai-en-moi, la technique éprouvée de l’open space cacophonique, si séduisante en image-loft-sur-papier-glacé de revue d’architecture trendy, mais véritable enfer en pratique, le pire qui soit : moderne, efficace et autogéré, de type éprouvé élevage-sous-omnisurveillance, avec, à la clé, si ledit employé s’est montré gentil tout plein, toutou fidèle à … » page suivante > (à suivre demain) (c)JF Paillard 2008.
mardi 24 mars 2009