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Ils pleuraient de joie, ils       chantaient, ils disaient des choses aussi naïves que : vive la vie”

l’invention des congès payés 2/2 (*)


 
 

En août 1936, on rase gratis ! Le gouvernement du Front Populaire n’a que trois mois et c’est déjà l’été des premiers congés payés. Le 11 juin, par 563 voix contre 1, une loi a accordé douze jours ouvrables à tout salarié ayant au moins un an d’ancienneté. Nommé sous-secrétaire d'état aux loisirs et aux sports du gouvernement de Léon Blum, le bouillant Léo Lagrange, un avocat de 36 ans, a obtenu auprès du directeur des chemins de fer Raoul Dautry le fameux " billet populaire de congé annuel ". Il accorde 40 % de réduction pour tous ceux que l’on appelle dorénavant les cong’ pay’ : « Je me souviens d'avoir accompagné à la gare de Lyon de longues caravanes de travailleurs, note dans ses carnets la philosophe Simone Weil (1909-1943). Nous les conduisions sur les quais, ils nous faisaient penser à une noce de village. Ils pleuraient de joie, ils chantaient, ils disaient des choses aussi naïves que : vive la vie ». Ancien ouvrier métallurgiste, Leandré Letoquart, évoque quant à lui son premier voyage au Touquet (1) : « Loin de moi l'idée de prendre un maillot de bain. ... J'ai pataugé. On était heureux.... Ce goût de salé nous a surpris. On ne pensait pas que l'eau de mer était aussi salée ! »


« Être payé à ne rien faire ? Impossible ! »


Aussi curieux que cela puisse paraître, l’une des grandes conquêtes sociales du Front Populaire (avec la semaine des 40 heures) n’était pas inscrite à son programme électoral. La grande crise économique de 1929 avait fait passer les congés payés au second plan. Voté en 1931 par les députés, un projet de loi sur les congés avait même été bloqué par le Sénat. Et pour cause : le chômage était endémique et la production industrielle avait diminué de 38 % ! Remisés au musée des accessoires, les congés ne faisaient plus partie des priorités syndicales : les cahiers de revendications établis aux usines Renault en avril 1935 ne mentionnaient les « vacances payées » qu’au onzième rang ! Dans les milieux ouvriers, raconte l’historien André Rauch (2), « personne ne croyait sérieusement que l’on pouvait être payé à ne rien faire ». Quand le socialiste Léon Blum fait passer la Loi à la Chambre, l’incrédulité est largement de mise : « Mon patron m'a dit « tu ne reviens pas la semaine prochaine » se souvient le chanteur Francis Lemarque, alors ouvrier au découpage des métaux  (1), je croyais que j'étais viré, mais non tu bénéficies des congés payés, m'a-t-il répondu ! »

Dans l’esprit de l’opinion publique de l’entre-deux-guerres, prendre des congés est tout simplement impensable. En 1929, révèle une enquête du ministère du travail, seulement 50 000 ouvriers sur les trois millions que compte l’hexagone se voient accorder des congés par leur employeur ! Commerçants, boutiquiers, ouvriers : la plupart « triment » six jours sur sept. Possédés par la religion du travail – célébrée par les marxistes aussi bien que par le patronat, ne l’oublions pas ! - ils consacrent plus leurs dimanches à bricoler ou à jardiner qu’à fréquenter les guinguettes... Le calendrier des congés scolaires est lui aussi très loin d’être une promesse de repos : dans la France essentiellement rurale de l’entre-deux guerres, le mot « congés » signifie pour beaucoup de têtes blondes « réquisition pour les travaux des champs ».


« Salopards à casquette »


Rimant avec paresse et oisiveté, « les vacances » demeurent largement le privilège d’une élite fortunée. L’été, seules les grandes familles de l’aristocratie européenne se déplacent vers les luxueuses stations de l’Océan : Boulogne, Dieppe, Paris-Plage, Trouville. Ou Biarritz, autoproclamée « reine des plages et plage des rois ». Séduits par les doctrines médicales vantant les effets bénéfiques du thermalisme, les riches bourgeois vont « prendre les eaux » à Vichy, Aix-les-Bains, Evian ou La Bourboule. Quant aux stations de la « Côte d’Azur », selon l’expression nouvelle du membre de l’Académie française Stéphane Liégeard, prisées par une population de riches britanniques, ce sont des lieux de villégiature hivernale. La fameuse « promenade des anglais » de Nice est vide l’été. Il ferait bien trop chaud sous les ombrelles des diaphanes ladies !

Autoproclamés primo arrivants, aristocrates et bourgeois voient dès lors d’un très mauvais œil la « marée rouge » jetée cet été-là sur les routes et les plages de France : « Quelle horreur ! je viens de me retrouver nez à nez avec l’homme qui nous livre le charbon ! » s’exclame une élégante baigneuse dans une caricature du dessinateur Picq, moins élégamment titrée « salopards en maillots de bain ». «On envahissait littéralement les plages, se souvient Leandré Letoquart. Quand nous nous promenions dans les rues avoisinantes du Touquet, on n’était pas bien vus... On entendait : ‘vous avez de la chance, vous avez les congés payés !’ de la part de ceux qui avaient toujours pris des vacances ! »


Août 36 : une date essentiellement symbolique


Pur moment de bonheur – et de revanche – populaire, l’été 36 n’occupe pourtant dans l’histoire des congés qu’une place essentiellement symbolique. La loi de 1936 n’a pas changé d’un coup de baguette magique les habitudes estivales des Français ! Beaucoup ont passé leurs congés chez eux à retapisser leur maison ou à biner leur champ, entre deux promenades en tandem. Certains sont partis dans la famille. Pas bien loin : cet été-là, ils ne seront que 560 000 à emprunter les routes et les rails de France pour découvrir la plage – essentiellement la Manche. Les départs dépassent à peine ceux des années précédentes !

Bien que lente, la Révolution est cependant en marche. Ils seront 1,5 million à partir en 1937, date de l’exposition universelle. Le chiffre annuel du million et demi de vacanciers se maintiendra bon an mal an jusqu’en 1947. Farouchement opposé au principe des congés payés, auxquels il attribue en partie la défaite de 1940, le régime de Vichy n’osera jamais les supprimer. Dès 1946, le flux des vacanciers aura été suffisant pour opérer une véritable Révolution au Sud de la France : celle du boom de la fréquentation des plages l’été. « L’arrivée d’une clientèle estivale à partir de 1936 a contraint les hôtels de la côte à ouvrir en juillet-août, une période où ils fermaient traditionnellement leurs portes », s’étonne encore Madeleine Rampal, 79 ans, dont le père était directeur du personnel du Carlton de Cannes.


L’essor du tourisme de masse


La marée estivale ne gonfle réellement qu’à partir de 1948 : trois millions de vacanciers  partiront cet été-là. C’est l’âge d’or des Auberges de Jeunesse, alors première organisation populaire de vacances. Elles accueillent la jeunesse éprouvée par la guerre dans des conditions spartiates. Qu’importe : « l’auberge nous attend dans un coin riant où presque sans argent nous vivrons gaiement ! », s’enthousiasme l’hymne des « aubergistes ». Quatre millions d’estivants prendront la route ou le train en 1949. Plus de cinq millions en 1951, sur un total de huit millions de vacanciers. Encouragé par la Fédération Française de Camping, qui ajoute en 1952 le mot « Caravaning » à son nom, le camping familial explose. Dès la fin des années 50, les caravanes fleurissent. Les tentes, elles, changent d’allure : on peut désormais s’y tenir debout et un auvent sépare l’espace-repas du couchage.

Flairant l’essor d’une industrie touristique encore embryonnaire, les pouvoirs publics s’activent. Dès 1952, l’année du « plan Marshall », une direction générale du tourisme est créée. Un schéma de modernisation du réseau routier est lancé sous l’égide du Touring Club de France. Le ministère de l’agriculture promeut gîtes et « ruches familiales », sortes de « colonies de vacances » installées en milieu rural. Bénéficiant de subventions, de nombreuses associations à but non lucratif se lancent dans le créneau tout neuf des « vacances organisées ». Créée en 1958, l’association Villages Vacances Familles (VVF) y joue un rôle pilote.

Quelques voyagistes privés ont déjà balisé le terrain. Dès 1950, le magazine « Elle » publie une publicité vantant d’épatants « villages magiques » au Tyrol, en Corse et en Sicile, que fréquenteraient des « stars de l’actualité et du cinéma ». La légende du club méditerranée et de son fondateur Gilbert Trigano, de son propre aveu « enfant des congés payés » (1) est née. À la fin de la décennie 50, le Club comptera déjà 60 000 adhérents ! La formule « club » ou « hôtel-club » se répandra comme une traînée de poudre. Notamment chez la Fram (Fer-Route-Air-Mer), créée en 1949. Cette agence de voyage toulousaine affrètera dès 1958 un avion à destination de Palma. De 14 places, il est vrai…


Du tourisme « béton » pour un touriste « mouton »…


À cette date, la Révolution des « Trente Glorieuse » est en marche. Pendant trois décennies, la France connaîtra une période de croissance économique à deux chiffres, stimulée par l’effort de reconstruction et de modernisation sans précédent du pays. Durant ces années qui voient le revenu moyen des ménages plus que tripler, les huit millions de vacanciers en 1951 passeront à vingt millions en 1966. Entre temps, la durée légale des congés payés aura doublé : trois semaines en 1956 sous le gouvernement du socialiste Guy Mollet. Quatre semaines en 1962, à la suite d’un accord signé chez Renault, vitrine sociale de la France et fleuron de l’industrie automobile française.

Les congés riment d’ailleurs de plus en plus avec la « bagnole », qui équipe déjà deux ménages sur trois. Chaque année des millions de transhumants créent des « embouteillages monstres ». C’est l’époque où les vacanciers partent pour un mois complet et prennent la route le même jour. Pour réguler le flot, le gouvernement exhortera dans les années soixante-dix les « aoûtiens » à devenir « juillettistes ». Peine perdue ! Le 2 août 1975, à 11 heures du matin, on recense sur les routes de France plus de 600 kilomètres de bouchon ! Pour remédier à cette situation, on crée l’année suivante « Bison Futé », le Service national d'information routière.

Vingt ans plus tôt, Charles Trenet avait déjà raillé les encombrements de la fameuse Nationale 7, qui conduisait les Parisiens « vers les rivages du midi ». Sous l’afflux des touristes et l’impulsion du ministère de l’équipement, auquel la direction du tourisme est désormais rattachée, le littoral se bétonne à grande vitesse. Vendée, Languedoc-Roussillon, Landes, et le rivage méditerranéen d’Espagne se couvrent de « barres » qui dénaturent le paysage. La montagne n’est pas épargnée. Les années soixante voient se multiplier les stations d’altitude livrées clé-en main par les promoteurs : Vars, Tignes, Pra Loup, Avoriaz, Isola 2000… Leur modèle est La Plagne, station savoyarde totalement artificielle, que défigure dès 1964 une énorme galerie marchande installée dans un parking raté : les alvéoles étant trop étroits, les voitures n’ont jamais pu y rentrer ! Incarnation de l'esprit soixante-huitard, le guide du Routard, apparaît en 1972. Respectueux de l’environnement, il rompt avec cette approche envahissante et consumériste des vacances. Son esprit « baba cool » qui privilégie la rencontre avec la culture du pays visité s’incarne aujourd’hui dans les formes de tourisme équitable. Avec un succès certain : un guide touristique sur trois vendus en France est désormais un Routard.


… au « tourisme zapping »


Comme toutes les bonnes choses, les « Trente Glorieuses » ont eu hélas une fin. C’est dans un contexte de chômage et de difficultés économiques que le gouvernement socialiste instaure, par une ordonnance du 16 janvier 1982, la cinquième semaine de congés payés. Léo Lagrange voulait « faire retrouver aux Français la joie de vivre»  La justification politique du gouvernement de François Mitterrand est tout autre : il faut désormais « partager l’emploi ». Les congés comme moyen de lutte contre le chômage est l’argument central de la loi sur les 35 heures votée en janvier 2000 sous le gouvernement de Lionel Jospin. Parallèlement la crise économique et le fractionnement des vacances engendrent une offre adaptée à la nouvelle civilisation des loisirs : séjours brefs et ciblés, comme le tourisme d’été en montagne, les week-ends dans des parcs de loisir ou des hôtels « à thème »… Finies les « grandes vacances » sur les plages noires de monde (et de cambouis) du Cap d’Agde ou la Costa del Sol ! Bonjour, les semaines « tout frais compris » à l’île d’Aix, Amsterdam, Budapest ou Disneyland ! Le « zapping » a gagné les vacances…


Dans les congés payés 1936, un documentaire de Philippe Kohly (1999)

André Rauch Vacances en France de 1830 à nos jours, Hachette Pluriel, 2001.





Citation :


Léon Blum, au procès de Riom, instrumentalisé par Vichy, l’accusant d’avoir perverti les travailleurs en faisant voter la loi sur les congés payés :

« Je ne suis pas sorti souvent de mon ministère, mais chaque fois que j’ai traversé la grande banlieue parisienne et que j’ai vu ces routes couvertes de tacots, de motos et de tandems avec ces couples d’ouvriers vêtus de pull-over assortis, j’ai eu le sentiment que j’avais malgré tout apporté une embellie, une éclaircie dans ces vies difficiles et obscures. On ne les avait pas seulement arrachés au cabaret, on leur avait ouvert une perspective d’avenir, on avait créé chez eux un espoir. »



Bibliographie

indicative


À lire :


Marc Boyer, Histoire du Tourisme de Masse, Puf, Que sais-je ? 1999

Du XVIe siècle à la civilisation des loisirs, ce « que sais-je ? » renouvelle le sujet en lui donnant des dimensions historiques et européennes.


André Rauch, Vacances en France de 1830 à nos jours, Hachette Pluriel, 2001

Un ouvrage bourré de faits et d’anecdotes qui remonte aux origines des vacances modernes et retrouve l’atmosphère des congés payés de la fin des années 30.


Alain Corbin, L’avènement des Loisirs, 1850-1960 , Aubier, 1995

Comment se sont créés les usages modernes du temps libre dans l’occident des révolutions industrielles ? Comment le désir de voyage s’est combiné avec l’accélération des rythmes de vie. C’est à ces larges questions que cet ouvrage collectif répond.


À voir :


Les congés Payés, 1936. Collection Les Grandes Batailles de la République, Un film de Philippe Kohly.

Films, photos et témoignages d’hommes connus (Pierre Mauroy, Edmond Maire, Gilbert Trigano…) et moins connus tissent un documentaire très vivant de ce moment extraordinaire que fut août 36, l’année des premiers cong’ pay’

1 - 1855. Biarritz, « reine des plages et plage des rois »

En France, le ‘tourisme’ balnéaire apparaît à la fin du XVIIIe siècle. De grandes stations, telles que Biarritz, Trouville ou Brighton (en Angleterre) voient le jour à la fin du XIXe. Mais ce type de séjour n'est encore réservé qu'à une minorité de nantis. Lancée avec la construction de la Villa Eugénie en 1855, Biarritz par exemple, réputée « reine des plages et plage des rois » attire toutes les familles de l’aristocratie européenne.


2 – 1903. Le TCF inaugure la « Corniche d’or »

Se fixant comme objectif de développer le tourisme itinérant, le Touring Club de France (TCF) multiplie les bornes routières, panneaux de signalisation et autres bancs touristiques. Il est à l'origine de la construction de la première route littorale à destination purement touristique, le long des cotes de l'Esterel, la célèbre Corniche d'Or (Var). Inaugurée en 1903, la corniche fut classée « Nationale 7 » jusqu'en 1935.


3 - 1912. Naissance des « grandes vacances d’été ».

Naissance, par un arrêté du 20 juillet 1912, des vacances d’été. Passant de 4 à 8 semaines, elles s’échelonnent désormais de mi-juillet à mi-septembre (et non plus en octobre). Se multiplient les œuvres de bienfaisance, laïques ou religieuses, qui organisent pour les enfants des classes populaires de ces fameuses « colonies de vacances » : « Elles permettent aux enfants de réparer leur force en respirant à plein poumons le grand air des champs, pur et vivifiant », nous dit un rapport de 1918 de l’Oeuvre des Trois semaines, qui pratique le placement familial à la campagne…


- 1929. Marc Sangnier et les Auberges de Jeunesse.

Journaliste au Sillon, organe du mouvement pour un christianisme démocratique et social, Marc Sangnier (1873-1950) ouvre la première Auberge de jeunesse en France. Baptisée l’Épi d’Or, elle est construite en 1929 à Bierville (Essonne). L’année suivante est fondée à son initiative la Ligue Française pour les Auberges de la Jeunesse. La même année, la CGT, le Syndicat national des instituteurs et la Fédération générale de l’enseignement créent le Centre laïque des Auberges de la jeunesse.


- 1936. Les premiers cong’ pay’

La Loi sur les congés payés est votée à la Chambre le 11 juin 1936 par 563 voix contre 1. 560 000 billets de train « Léo Lagrange » (du nom du secrétaire d’Etat des Loisirs et des Sports du Front Populaire) à tarifs réduits sont vendus aux premiers cong‘ pay’. Les « trains de congés payés » seront 600 000 en 1936. Ils seront 1 800 000 l’année suivante. La « marée rouge », ainsi appelée par la bourgeoisie de la côte d’Azur à cause de ses origines politico-syndicales envahit les plages…


6 - 1938. Le lancement de la revue Camping par le Touring Club de France et la création de l’Union Française des associations de Camping (UFAC) inaugure l’ère du tourisme de masse. Des campings sont aménagés un peu partout en France…


- 1945. Les Guides Michelin deviennent « Guides Vert ».

Depuis 1904, Michelin publie des guides touristiques régionaux, destinés aux vacanciers bourgeois et érudits, les Guides Rouges. Destiné à un large public, signalant le « pittoresque » du parcours par les abréviations « pitt » ou « tr. pitt. », le nouveau Guide Vert se présente comme le « vade-mecum de l’automobiliste ». Plus passionné par la route que par les églises et musées, ce dernier est en effet devenu incontournable…


- 1950. Création du Club méd’

En 1950, Gérard Blitz imagine un autre monde, avec ses chefs (les Gentils Organisateurs), ses membres (les Gentils Membres), ses rituels : le Club Méditerranée. Les villages qu'il crée avec Gilbert Trigano - d'abord Alcuidiia aux Baléares, puis en Italie et en Grèce - sont pour lui le lieu de réconciliation de l'homme avec lui-même : "Nous sommes branchés sur la libération intérieure de l'homme, explique-t-il. Et nous utilisons ce douzième mois où il n'est pas pris dans l'engrenage des mécanismes pour lui donner accès à sa véritable nature. Le prix du séjour pour 15 jours, voyage compris s’élève à 15 900 FF. (correspond à 159 FF d'aujourd'hui).


- 1955. Charles Trenet chante la route « Nationale 7 ».

On mesure moins aujourd’hui la dimension ironique de la chanson, inspirée surtout par les embouteillages homériques sur cette « route des vacances », la plus empruntée de France, à l’époque pour aller de Paris à Menton. De 1950 à 1955, les déplacements de vacanciers effectués en automobile ont doublé ! Tuée par l’autoroute, la RN7 est aujourd’hui l’ombre d’elle-même : en juillet 2005, le ministre des transports, Dominique Perben a décidé de transférer dix-huit mille kilomètres de routes nationales aux départements. Depuis le 1er janvier 2006, dans la Nièvre et à partir d’Avignon, la célèbre Nationale 7 n’est plus qu’une simple départementale…


– 1967 - La Grande-Motte, symbole des congés d’été à la mode béton.

C’est en 1967 que l’architecte Jean Balladur, inaugure les premières pyramides de la Grande-Motte, aux côtés de Raymond Marcellin, alors Ministre du Plan et de l'Aménagement du Territoire. En juillet 1968, la ville ne compte encore que 700 habitants. Les premiers vacanciers s'installent dans la pyramide "Le Provence" encore inachevée. Cinq ans plus tard, ils seront 20 000 à fréquenter ses plages. Aujourd’hui, la Grande-Motte compte 7000 habitants l’hiver et plus de 120 000 l’été…


– 1969 – Lancement du projet Val-Thorens, plus haute station d’Europe

Le 17 mai 1969, le président Pompidou promulgue la loi sur la quatrième semaine de congés payés. Que faire de cette semaine supplémentaire ? Partir au ski ! se disent de plus en plus de cadres, séduits par les formules de multipropriétés proposées par les promoteurs. 1969 est justement l’année du lancement du premier projet de station totalement artificielle, celui de Val-Thorens. En 5 ans, de 1969 à 1972, près de 25000 lits seront construits à 2300 mètres d’altitudes…


12 - 1972 – Création du premier guide du Routard.

De retour d’Inde, Philippe Gloaguen crée le premier guide Routard, incarnation de l'esprit soixante-huitard. En trois décennies, l'ancien bréviaire des babas cool révolutionnera une certaine approche du voyage. Loin des « voyages organisés » et autres « complexes touristiques », cette approche se promeut aujourd’hui sous l’appellation générique de « tourisme équitable ». Aujourd'hui, un guide touristique sur trois vendus en France est un Routard. Soit 2,5 millions d'exemplaires par an.

-> 3e semaine

En 1955, les usines Renault montrent une première fois la voie. C’est leur président, Pierre Le Faucheux qui est à l’initiative de la 3e semaine de congés payés. La mesure est ensuite généralisée par le socialiste Guy Mollet.  Edmond Maire : « En se plaçant dans la lignée de Léon Blum, Guy Mollet, le chef socialiste, montre qu’il est fidèle à la tradition de la gauche. Mais ce geste politique servait aussi à masquer sa décision de mener la guerre d’Algérie ».


Sur les VVF : Edmond Maire : « A la fin des années 50, avec le goût du confort et le souci de brasser des populations de classes sociales différentes, les VVF ont été créés en réaction contre les maisons familiales et les auberges de jeunesse, qui étaient très frustes ».


Jacques Calvet, ancien patron de Peugeot : « Dans les années soixante, on est passé du droit au repos au droit aux vacances ».


-> 4e semaine

Après la fin du conflit Algérien, au début de la cinquième république vient la 4e semaine de congés payés. Renault, vitrine sociale est une fois de plus à l’avant-garde. C’est en effet son président Pierre Dreyfus qui prend la décision d’étendre cette mesure à l’ensemble des salariés, sans même que le gouvernement soit prévenu, ce qui ne va pas sans grincement de dents… Le mouvement est irréversible et Georges Pompidou généralise la mesure à la France entière.


Après cette mesure, plus de 20 millions de Français partent en vacances. C’est le temps d’une concentration moutonnière au mois d’août sur les plages. Par réaction, les nouvelles générations regardent ailleurs. Vient alors le temps des clubs qui offrent aux vacanciers la possibilité de vivre hors du temps et de l’argent en imitant la vie sauvage… dans l’abondance.


5e semaine

Avec le retour en 1981 de la gauche au pouvoir, « changer la vie » redevient le mot d’ordre de la génération Mitterrand. Le Front Populaire redevient une référence : dans le gouvernement Mauroy est créé un ministère du temps libre. Pierre Mauroy : « Dès que je suis arrivé au pouvoir, j’ai voulu créer la 5e semaine »


Citation intéressante de Pierre Mauroy :

« Quand on part en vacances en France, on part deus semaines avec Blum, la troisième semaine avec Guy Mollet, la quatrième avec le général De Gaulle et la 5e avec François Mitterrand et Pierre Mauroy… »


En cette fin du XXe siècle, la notion même de congés payés a disparu de l’esprit des Français. Edmond Maire : « Qui parle encore de congés payés ? Aujourd’hui, on parle de capital temps, d’aménagement du temps de travail ».


Gilbert Trigano : « je crois que dans les années qui viennent, on va inventer dix, vingt, trente façons de prendre des vacances »


Aujourd’hui, on s’arrête plusieurs fois par an. On veut organiser son temps libre. Avec la révolution du « temps choisi » tout reste à réinventer…


Hello, les associations de Tulle " Autour du 1er mai " et Peuple et Culture organisent une semaine de cinéma autour du Front populaire, du 28 avril – 4 mai 2006, parmi les films (Renoir…), deux docus sur les congés payés dont je pourrais utiliser les témoignages :


1 - 15 jours en août, l’embellie, Documentaire de François PORCILE (1996). Durée 51’30’’. Coproduction France 3 nord Pas-de-Calais Picardie / Les Productions Cercle Bleu.


Août 1936, l’été des premiers congés payés : Madeleine, Raymonde, Joseph, Gilbert, Léandre, Marcel avaient entre huit et dix-huit ans, et n’avaient encore jamais vu la mer. Soixante ans plus tard, ils sont revenus sur les lieux de cette découverte, le littoral de la Manche et de la mer du nord. Certains, comme Raymonde, n’étaient jamais retourné au bord de la mer. A l’époque ouvriers du textile ou mineurs, écoliers ou apprentis, aujourd’hui retraités, ils revivent cet émerveillement comme au premier jour, et aussi la joie, l’espoir de ces premiers loisirs, conquis de haute lutte contre un patronat sourd aux revendications populaires. Ils voient avec amusement les enfants de 1996 pratiquer les mêmes jeux de plage qu’eux, avant guerre. Gilbert constate la multiplication des cabines de bain sur la plage de Calais qu’il avait connue déserte. Joseph, à Malo les bains, se souvient des hauts parleurs déversant les chansons de Tino Rossi, et Léandre du regard méprisant des bourgeois devant cette horde de " salopards " venus polluer " leurs " plages au Touquet ; Marcel revoit les myriades de pêcheurs de moules, à marée basse au Portel, et Raymonde se rappelle que faute de tente elle avait dormi dans les dunes à la belle étoile sur un matelas de roseaux séchés... ce qui n’entamait en rien le bonheur de ces quinze jours d’août 36, trop brève embellie que résume une carte adressée par une fillette au président du Conseil Léon Blum : " Merci. Grâce à vous je connais la mer. " C’est sur ces mots que se clôt le film.


2- Les congés payés, 1996, 52 mn, France, couleur Réalisateur : Philippe Kohly auteurs Olivier Duhamel et Jean-Noël Jeanneney  Production : Cinétévé – La Cinquième



Résumé  Les congés payés n'étaient pas au programme de gouvernement du Front Populaire. Ils ont été décidé par Léon Blum, à la suite du mouvement spontané d'occupation des usines qui a suivi la victoire électorale de mai 1936, dès juillet 1936. Léo Lagrange est nommé sous secrétaire d'état aux loisirs et aux sports. Son premier combat est d'obtenir un billet de chemin de fer avec 40% de réduction pour les congés payés. 4OO auberges de jeunesse vont se créer en 1936.

" Mon patron m'a dit " tu ne reviens pas la semaine prochain " se souvient Francis Lemarque, je croyais qu j'étais viré, mais non tu bénéficies des congés payés, m'a t-il répondu ! "

Simone Weil note dans ses carnets " je me souviens d'avoir accompagné à la la gare de Lyon de longues caravanes de travailleurs. Nous les conduisions sur les quais, ils nous faisaient penser à une noce de village. Ils pleuraient de joie, ils chantaient, ils disaient des choses aussi naïves que : vive la vie"

Leandré Letoquart, ancien ouvrier métallurgiste évoque son premier voyage à la mer " Loin de moi l'idée de prendre un maillot de bain. ... J'ai pataugé, on était heureux.... Ce goût de salé nous a surpris. On ne pensait pas que l'eau de mer était aussi salée ! " Il nous rappelle que les " congés payés " ont été mal acceptés par ceux qui avaient toujours pris des vacances : " on envahissait littéralement les plages... Quand nous nous promenions dans les rues avoisinnantes du Touquet, on était pas très bien vus "... On entendait " Vous avez de la chance, vous avez les congés payés ! " ...de la part de ceux qui avaient toujours pris des vacances !

« A nous la vie ! 1936-1958 » est un ouvrage composé à deux (publié aux éditions Hoëbeke). L’un, Willy Ronis, a photographié, à partir du Front populaire en passant par la Libération, les moments forts de l’entrée du monde du travail sur le devant de la scène de l’Histoire.  L’autre, Didier Daeninckx, relate l’itinéraire initiatique d’un jeune ouvrier, Fernand, quinze ans en mars 1936, durant quatre chapitres : l’Usine, les Grèves, les Manifestations, les Congés payés.


Le récit s’achève en 1948, vingt ans avant un autre mai, à la naissance d’Aurora, la fille de Fernand qui, du Front populaire, dira pour sa part : « Rien de cela n’a été perdu. »


témoignage de Daeninckx : "Cette immersion a mis à mal certaines certitudes et m’a fait découvrir des dizaines de faits surprenants. La présence de l’un des derniers communards, dans une manifestation et cette expression « Salut les copains » que l’on croit née sur Europe n°1 dans les années soixante, et qui résonnait en fait dans les auberges de jeunesse, comme signe de ralliement....


- En France, le tourisme balnéaire apparaît à la fin du XVIIIe siècle. De grandes stations, telles que Biarritz, Deauville et Brighton (en Angleterre) voient le jour fin XIXe. Mais ce type de séjour n'est encore réservé qu'à une minorité de nantis.


- XIXe. Publication par Stendhal en 1838 des "Mémoires d'un touriste",


Années 20. L’idée de la généralisation des cp figure au programme de la CGT depuis 1925.


- 1929. Photo de Marc Sangnier (Le Sillon…) Sangnier fonde la Ligue française pour les Auberges de la jeunesse tandis que, avec l’appui de la Confédération générale du travail, du Syndicat national des instituteurs, la Fédération générale de l’enseignement crée le Centre laïque des Auberges de la jeunesse.


- Années 30 Photo d’organismes de prise en charge des loisirs de type fasciste…

Le fascisme n’hésite pas avant le front populaire à renforcer le tourisme populaire, par l’introduction des congés payés. Mussolini crée à cet effet l’institution spécialisée du Dopolavore, Hitler celle qui est intitulée "Kraft durch Freude", destinées à prendre en charge le temps libre, les loisirs, les congés payés et les vacances.


- Un projet de généralisation des cp, voté en 1931 par les députés, est bloqué par le Sénat en 1932


- Photo d’occupation d’usine lors des grèves de juin 1936…

Ces occupations vont donner lieu aux accords de Matignon (7 juin 36). Ces accords n’ont été "arrachés" au patronat que moyennant la contrepartie de l’évacuation : sans cet atout majeur, les grévistes n’auraient sans doute jamais obtenu les progrès sociaux qu’ont constitués les congés payés...


- Photo de Léo Lagrange ou d’un " stade Léo Lagrange "… Le 4 juin 1936, Léon Blum appelle Léo Lagrange au sous-secrétariat des Loisirs et des Sports; il conservera ce poste jusqu’à la chute du cabinet. En dix-neuf mois, Léo Lagrange accomplit une œuvre considérable. Il crée un Conseil supérieur des sports où sont représentées toutes les associations. Une importante politique d’infrastructures sportives est lancée. Lagrange développe particulièrement les activités de plein air. Il s’attache à développer les auberges de jeunesse créées par Marc Sangnier en 1929 et préside lui-même le Centre laïque des auberges de la jeunesse.


- Photo des " trains de congés payés " ou des " billets Léo Lagrange " On estime qu’en 1936, quelque 600 000 ouvriers sont partis en vacances. Ils seront 1 800 000 l’année suivante (1 800 000, c’est le nombre de billets de transport Léo-Lagrange, c’est-à-dire à tarif réduit, qui ont été vendus)...


- Les " aoûtiens " (maintes photos, caricatures, dessins de l’époque…). Le décret d’application de la loi sur les congés payés paraît le 1er août. La "marée rouge", ainsi appelée par la bourgeoisie de la côte d’Azur à cause de ses origines politico-syndicales, a fait fuir des plages et des villas les classes privilégiées qui commençaient à apprécier aussi la saison estivale...


- Photo de pointeaux ou chronometreurs dans les usines. Citation d’Antoine Prost : " Avant 36, les employés (de banque, de commerce, de bureau) qui étaient mensualisés bénéficiaient de congés. Il n’en allait pas de même pour les ouvriers, dont la paie tombait tous les quinze jours et qui étaient payés à l’heure (ils le resteront longtemps, du reste, puisque la généralisation de la mensualisation est une conquête de 1968). De fait, le paiement à l’heure conduit à penser que si l’on ne travaille pas, on n’est pas payé. À l’époque, l’idée d’ " être payé à ne rien faire " est incroyable, paradoxale. On peut considérer, de ce point de vue, que le Front populaire est davantage une conquête de temps que de salaire, parce qu’avec les 40 heures et les congés payés, c’est le temps qui est à l’ordre du jour - le temps soustrait aux chronométreurs. "


- Années 40 : l’époque voit de développer les Maisons de la culture, Ciné Liberté, les associations sportives (Fédération sportive et gymnique du travail) et de plein air (cyclo-tourisme, camping, Auberges de la jeunesse, gîtes ruraux, aviation populaire). Puis les chantiers de jeunesse de Pétain...


- Années 50 : Fernand Léger met en scène les loisirs populairesdans La Partie de campagne (1954), en passant par Les Deux Cyclistes (1951) et Les Campeurs (1954), dont beaucoup de détails semblent appartenir aux souvenirs des congés payés de l’avant-guerre.


- 1950. Création du Club méditerranée (le 27 avril 1950). Ouverture du premier village à Alcuidiia aux Baléares sur l'ile de Palma de Majorque. 15 900 FF    (correspond a 159 FF d'aujourd'hui) Le prix du séjour pour 15 jours, voyage compris.


- 1956 : arrivée au pouvoir du Front républicain de Guy Mollet. Adoption de la troisième semaine de congés payés (Le congé annuel payé a été porté de 12 à 18 jours) dans un climat de montée des dépenses militaires en Algérie et le déficit budgétaire. ..


- 1962. L’industrie automobile triomphante / Période où l’État est renforcé : le secteur public s’étend à de nouveaux domaines (pétrolier avec la création de l’E.R.A.P., nucléaire). Il joue plus que jamais son rôle de vitrine technologique (l’aéronautique) et sociale : la quatrième semaine de congés payés chez Renault en 1962 sera généralisée à l’ensemble de l’économie française quelques mois plus tard...


Années 60. Extension du tourisme de masse : D’après les statistiques de l’INSEE sur les taux de départs en vacances d’été en fonction des catégories professionnelles, 40 % des ouvriers sont partis en 1965 ; 49 %, en 1975 ; 55 % en 1976 :

Les destinations populaires les plus courues sont l’Espagne : photo de plages de la Costa del Sol, Costa Brava, Toremolinos, Gandia, Rosas… La Costa Brava (traduisez la côte sauvage !), la costa blanca (Denia et Benidorm), la Costa del Sol (Malaga, Marbella) concentrent à elles deux l’essentiel des destinations...


- En France construction en 1967 (architecte Jean Balladur) des pyramides de la Grande-Motte (JUILLET 1967 : Inauguration du port par M. Raymond MARCELLIN, Ministre du Plan et de l'Aménagement du Territoire ;  OCTOBRELe Général de GAULLE vient visiter le port ; JUILLET 1968 : 700 habitants - 85 enfants dans l'école provisoire installée au "Point Zéro". Les premiers vacanciers s'installent dans la pyramide "Le Provence" encore inachevée. JUILLET 1973 : 20 000 touristes viennent en vacances…)  les maisons languedociennes du Cap d'Agde, prélude d'un fantastique développement des congés à la mode béton…


- Les cadres, eux, partent à 83 % dans les villages du Club Méditerranée (il passe le cap des 700 000 gentils membres en 79) ou sillonnent la Grèce et Israël.


- Années 70.  Le développement des vacances d’hiver (2 % des Français en 1969) apparaît avec la quatrième semaine de congés payés (1969). Le projet " Val Thorens (plus haute station d’Europe, située à 2300 mètres d’altitude) est par exemple lancé (architecte : Setam) de 1969 à 1972. Vogue des propriétés multiles au ski…


- 1981 la gauche arrive au pouvoir. 170 000 emplois sont créés dans les administrations par le gt Pierre Mauroy. À côté de ces mesures, la grande idée du nouveau gouvernement est le partage du temps de travail. On instaure ainsi la cinquième semaine de congés payés et la retraite à soixante ans par une ordonnance du 16 janvier 1982.


Dernière " conquête ", les 35 heures et les  RTT : vers une fragmentation des vacances ?


- Dernière enquête INSEE sur les vacances : 2001. On peut y lire : " Chaque année, quatre Français sur dix ne partent pas en vacances. Après des décennies de croissance régulière, la proportion de ceux qui partent en vacances stagne depuis le début des années quatre-vingt-dix. Parmi ceux qui ne partent pas, quatre sur cinq n’ont pas pris de vacances en raison de contraintes (financières principalement, mais aussi familiales, professionnelles, de santé ou autres) et non par choix.


- Aujourd'hui, six Français sur dix partent au moins une fois dans l'année, quatre partent une deuxième fois en hiver, trois partent plus de trois fois, tandis que la durée moyenne des vacances d'été se réduit à douze jours. Ce fractionnement des congés traduit aussi l'évolution des rythmes de travail : on part plusieurs fois parce qu'on ne peut plus tenir toute une année avec la pression du bureau. On recherche aussi dans les congés un ressourcement au-delà du simple délassement : bonne pioche pour la Bretagne, au détriment de la grande bleue, et pour le tourisme vert, forçant le Club Med à penser repositionnemen